Édouard Pelletan, né en 1854 et mort en 1912, est un éditeur important de la période 1900. Plusieurs bibliographes ont étudié sa production, dont Léopold Carteret, et tout récemment dans les Architectes du Livre (journées d’études de l’Université Paris Nanterre).
Sa bibliographie est complexe, et sera l’objet d’un autre article. Je voudrais ici insister sur le rôle joué par un bibliophile, ami et soutien de Pelletan, Adolphe Bordes.
Au début de l’année 1896, Édouard Pelletan a quarante-deux ans ; il vient de démissionner de son poste de fonctionnaire au Ministère des Affaires Étrangères. Il fonde sa maison d’éditions en reprenant les locaux de la Revue Illustrée, de la famille Baschet, et a déjà un programme très élaboré, qu’il annonce dans une plaquette distribuée largement (cinq cents exemplaires offerts à MM. les Bibliophiles, et cent exemplaires vendus, pour le premier tirage, un second tirage est rapidement effectué, non limité) : Le Livre, plaquette programme dans laquelle il énonce les principes et les idées qui vont le guider ; complétée par une annonce des premières publications mises en chantier – pas moins de quatre livres de bibliophilie, pour la première année :
- Musset : les Nuits, et Souvenir, illustrations par A. Géradin, gravées par Florian ;
- Moreau : petits Contes à ma sœur, illustrations par Dunki, gravées par Clément Bellenger ;
- Villon : les Ballades, illustrations par Gérardin, gravées par Julien Tinayre ;
- Beaumarchais : le Barbier de Séville et le Mariage de Figaro, illustrations de Daniel Vierge, gravées par Cl. Bellenger.
Ce programme ne sera pas intégralement respecté ; Le livre de Beaumarchais sera retardé et remplacé par L’Oaristys, de Théocrite, illustré par Georges Bellenger, la gravure étant de Froment.
Le premier livre est annoncé pour le 15 février ; c’est un peu optimiste : l’achevé d’imprimer est daté du 21 mars. Le second est annoncé pour le 1er mars ; là également il y a un décalage : les grands papiers sont achevés d’imprimer le 20 mai, la suite le 25 juin 1896.
Ce sont des livres de haute bibliophilie : la justification annoncée, qui ne sera pas tout à fait respectée, est la suivante :
- un exemplaire, n° 1, sur satin, in-4 raisin (texte réimposé) avec une aquarelle originale et une double suite d’épreuves d’artistes signées, sur japon et sur chine (à souscrire) ;
- un exemplaire, n° 2, sur whatman in-4 raisin, texte réimposé, contenant tous les dessins originaux avec une double suite d’épreuves d’artiste signées, sur japon et sur chine (à souscrire) ;
- 23 exemplaires, de 3 à 25, sur japon ancien, à la forme, in-4 raisin, contenant tune aquarelle originale, une double suite d’épreuves d’artistes signées. 500 Fr ;
- 25 exemplaires, de 26 à 50, sur japon des manufactures impériales, avec un tirage à part de toutes les gravures sur japon ancien et sur chine. 200 Fr ;
- 50 exemplaires, de 50 à 100, sur chine fort, avec un tirage à part de toutes les gravures, sur japon ancien et sur chine, au prix de 150 Fr ;
- 100 exemplaires, de 101 à 200, in-8 raisin, sur vélin à la cuge des papeteries du Marais, avec un tirage à part sur japon ancien à la forme de toutes les gravures, au prix de 100 Fr ;
- 300 exemplaires, de 201 à 500, in-8 raisin, sur vélin à la cuve des papeteries du Marais, au prix de 50 Fr.
Comme on le voit le budget de chaque édition est conséquent : 50 000 francs par livre, soit 200 000 francs de budget pour la première année. Édouard Pelletan compte sans doute sur les souscriptions pour financer cette somme ; mais il doit tout de même en avancer une partie, puisqu’il fournit des spécimens des gravures dans sa brochure – il ne peut attendre les souscriptions pour mettre en chantier ces publications. Pelletan, bien sûr, ne se lance pas seul, sans appuis. Membre des cercles positivistes, Il peut compter notamment sur Noël Clément-Janin, ainsi que sur Anatole France ; et aussi sur la famille de son épouse, Caroline Tinayre.
Justement, le 29 mai 1896, Clément-Janin fait paraître, dans la Petite Presse, l’entrefilet suivant :

BIBLIOPHILIE
Je viens de voir – spectacle peu banal, – un livre de quatre mille francs !
Et un livre moderne, ce qui est mieux ! Un livre qui n’est pas d’hier, mais qui sera né demain, car l’édition n’est pas encore prête, et seuls, les vingt-cinq exemplaires de grand luxe sont en ce moment tirés. L’auteur ? Hégésippe Moreau. L’ouvrage ? Les Petits Contes à ma Sœur !
Qu’est-ce qu’on peut mettre, demandez-vous, dans un livre pour qu’il puisse valoir 4,000 fr. ? Oh ! gens peu bibliophiles, qui ignorez le prix du papier vélin à la cuve, des impressions extra-soignées, de la gravure sur bois quand elle est signée Clément Bellenger, et des dessins originaux, quand il sont dûs au crayon spirituel de Dunki !
Ce n’est que cela que l’on met dans les volumes d’art, à la naissance desquels préside M. Edouard Pelletan, dont le nom restera attaché à la rénovation de l’illustration par la gravure sur bois. Et cela suffit pour créer un chef-d’œuvre bibliophilique, que M. Adolphe Bordes, le successeur des de Thou, des La Vallière, des de Soleine, des Pixérécourt, des Nodier, des Janin, va placer sur ses rayons rivaux de ceux de M. Béraldi.
Heureux M. Bordes, dont la mémoire passera à la postérité, sur les ex-libris de ses livres, avec la réputation d’un homme fortuné qui fut en même temps un homme de goût. C.-J.
Adolphe Bordes, né en 1860 à Paris, mort en 1918 à Arcachon, dans la Villa Algérienne (au Cap-Ferret) de son beau-père Léon Lesca, est un armateur bordelais – pas n’importe lequel : « chef de la plus importante maison à voiles du monde entier » indique son dossier de Légion d’Honneur, obtenue en 1907. Bibliophile, il sera membre de la société Les XX, et également des Amis des Livres (membre correspondant), avec son cousin Henri Bordes, il est Trésorier-Archiviste de la société le Livre Contemporain.

Adolphe Bordes souscrit l’exemplaire numéro 2, d’après la justification indiquée plus haut ; mais cette justification n’était qu’indicative ; voici la justification telle qu’indiquée dans le livre :
- un exemplaire unique, sur satin, in-4 raisin (texte réimposé) avec six aquarelles originales et une double suite d’épreuves d’artistes signées, sur japon et sur chine ;
- un exemplaire, n° 1, sur whatman in-4 raisin, texte réimposé, contenant tous les dessins originaux avec une double suite d’épreuves d’artiste signées, sur japon et sur chine ;
- un exemplaire, n° 2, sur whatman in-4 raisin, texte réimposé, contenant les maquettes et croquis de l’illustrateur avec une aquarelle originale, les frisquettes du graveur et une double suite d’épreuves d’artiste signées, sur japon et sur chine ;
- 26 exemplaires, de 3 à 28, sur japon ancien, à la forme, in-4 raisin, contenant tune aquarelle originale, une double suite d’épreuves d’artistes signées ;
- 2 exemplaires, de 29 à 30, sur vélin blanc à la forme des papeteries du Marais, in-4 raisin (texte réimposé) contenant une double suite d’épreuves d’artiste signées, sur japon et sur chine ;
- 25 exemplaires – de 31 à 55 – sur japon des manufactures impériales, avec un double tirage à part sur japon ancien et sur chine de toutes les gravures ;
- 50 exemplaires – de 56 à 105 – sur chine fort, avec un double tirage à part sur japon ancien et sur chine de toutes les gravures ;
- 100 exemplaires – de 106 à 205, in-8 raisin, sur vélin à la cuge des papeteries du Marais, avec un tirage à part sur japon ancien à la forme ou sur chine ;
- 145 exemplaires, de 206 à 350, in-8 raisin, sur vélin à la cuve des papeteries du Marais.
Comme on le voit, Adolphe Bordes a bien l’exemplaire numéro 1 de cet ouvrage.
Adolphe Bordes n’est pas seulement un bon client pour Pelletan, c’est aussi un ami. On en a plusieurs signes, comme par exemple la dédicace de la Prière sur l’Acropole, de Renan, que Pelletan publie en 1899 :
Cette édition établie à la gloire des Lettres françaises pour l’Exposition Universelle de 1900 est dédiée à monsieur Adolphe Bordes comme un hommage reconnaissant de son dévoué E. P.
On en trouve également une trace dans une lettre d’Anatole France à Adolphe Bordes, insérée dans son exemplaire (numéro 1 bien sûr) des Poèmes du Souvenir, publié par Pelletan en 1910 (la lettre en question est publiée sur le blog du Bibliophile) :
[…] Je n’oublie pas que, en compagnie d’Edouard Pelletan, mon ami et le vôtre, vous m’avez accueilli gracieusement au milieu de vos nobles richesses[…]
On en trouve un autre témoignage dans la préface du Catalogue général de l’Œuvre d’Édouard Pelletan, publié en 1913, par Clément-Janin :
[…] quand il fallut se prononcer sur le risque d’une opération, M. le docteur Jayle […] s’empressa-t-il de réunir une sorte de conseil de famille. Ce conseil était composé de la plupart de ceux dont on retrouve, non sans mélancolie, les noms sur la dédicace, pleine d’affection et d’espoir, du denier livre de Pelletan : Les Travaux et les Jours et La Terre et l’Homme. C’étaient : MM. Anatole France, Louis Barthou, Adolphe Bordes, les docteurs Hillemand, Gagey, et le signataire de ces lignes [Clément-Janin].
Cette phrase fait référence à la dédicace insérée en tête du dernier livre préparé par Pelletan, puis publié par son gendre René Helleu : Les Travaux et les Jours et La Terre et l’Homme. Voici cette dédicace :
En tête de ce livre d’humanité
qui glorifie l’effort vainqueur
j’inscris avec une juste reconnais-
sance et une joie tendrement émue
le nom des amis qui, d’un zèle
inlassable, m’assistèrent dans une
crise doublement douloureuse
–
à ceux
qui me conservèrent la vie
aux docteurs
Constant Hillemand, Pierre Gagey
Jayle et Monprofit
–
à ceux
qui me la rendirent plus chère
à mesdames
Jeanne Henri Chabal et Pierre Gagey
à
Anatole France
Adolphe Bordes, Louis Barthou
Clément-Janin
—
–
Comme on le voit, Adolphe Bordes, depuis les débuts, est un fidèle de Pelletan, au premier rang. Cet ami souscrira (systématiquement ?) aux premiers numéros des ouvrages publiés. Et quand, pour certaines éditions, la justification ne mentionne pas d’exemplaire numéro 1 particulier, alors son exemplaire indique « exemplaire unique, imprimé pour Monsieur Adolphe Bordes ».

Ces livres seront, pour certains, luxueusement reliés, notamment par Marius-Michel. Ce n’est toutefois pas général ; un certain nombre restent en feuilles. Après la mort d’Adolphe Bordes, une grande partie de sa collection intègre la collection de Suzanne Courtois – celle-ci en fera relier, souvent par les frères Maylander, et y apposera son ex-libris.

Voici un florilège de certains de ces livres, qui sont passés en vente ces dernières années :
1900. Les Syracusaines.
Vente Alde du 3 décembre 2012, lot 83. Estimé 4000 à 5000 euros.
THÉOCRITE. Les Syracusaines. Paris, Pelletan, 1900. 2 volumes grand in-4, maroquin vert, listels de maroquin vert foncé et rouge sertis d’or en encadrement des plats, dos à nerfs orné, tranches dorées, dentelle intérieure dorée, doublure de maroquin rouge ornée d’une frise florale mosaïquée en maroquin de différents verts avec fleurons dorés aux angles, gardes de soie, doubles gardes, couverture, chemise et étui. (Marius Michel).
Édition illustrée de 16 compositions de Marcel Pille, gravées par Froment Fils, tirée à 350 exemplaires.
Exemplaire n°1 nominatif pour Adolphe Bordes sur Whatman, avec texte réimposé, contenant les dessins originaux, dont 4 très importantes aquarelles à pleine page, et une double suite d’épreuves d’artiste signées sur japon mince et sur chine. Les dessins originaux sont reliés dans le volume de texte. Les suites sont reliées à part dans une reliure en demi-maroquin à coins.
De la bibliothèque Suzanne Courtois, avec ex-libris.
1901 – Poèmes en prose.
Vente Beaussant-Lefèvre, collection jean-Claude Delauney, 23 octobre 2019, lot 29. Adjugé 5500 euros plus les frais.
GUÉRIN (M. de). Poèmes en prose. Paris, Pelletan, 1901, grand in-4°, maroquin bleu janséniste, dos à nerfs,
doublure de maroquin havane sertie d’une large guirlande florale mosaïquée de maroquin vert, couverture, tranches dorées sur témoin, étui gainé de même maroquin (Marius Michel). 5000/7000€
L’une des plus belles publications d’Édouard Pelletan (1854-1912).
7 compositions d’Henri Bellery-Desfontaines (1867-1909), gravées sur bois par Ernest Florian (1863-1914).
Exemplaire n° 1, cité par Carteret, imprimé sur papier Whatman pour Adolphe Bordes, le grand collectionneur bordelais. Il contient :
- tous les dessins originaux (pleines pages, ornements, initiales), la plupart sont signés ou monogrammés, soit 18 feuillets.
Seul n’y figure pas le fleuron du deuxième plat de couverture. Ils ont été montrés en même temps que ceux de Steinlen pour L’Affaire Crainquebille (n°21) à l’exposition organisée par l’éditeur Pelletan en décembre 1900. Ces deux ensembles (livres et dessins) ont ensuite appartenu à Suzanne Courtois, puis à Jean-Claude Delauney ; - une suite des 7 compositions (pleine page, en-tête et cul-de-lampe) sur japon mince signées par Florian ;
- une suite des 7 compositions (pleine page, en-tête et cul-de-lampe) sur japon mince signées par Florian ;
- une suite des décompositions des couleurs des 7 illustrations (pleine page, en-tête et cul-de-lampe) sur japon mince, soit 41 planches.
Le volume de suite est en demi-maroquin bleu à coins ; il s’ouvre sur la page de titre du livre.
Provenances : Adolphe Bordes ; Suzanne Courtois, avec son ex-libris.
1902 – cinq poèmes.
Vente Beaussant-Lefèvre, collection jean-Claude Delauney, 23 octobre 2019, lot 32. Adjugé 11000 euros plus les frais.
HUGO (V.). Cinq poèmes. Paris, Pelletan, 1902, 2 volumes in-4°, maroquin prune, couronne de laurier irradiante sur les deux plats, dos à nerfs, doublures de maroquin vert (serti d’une guirlande florale dorée pour le volume de texte ; vierge pour celui des dessins), gardes de tabis prune, couverture et dos, tranches dorées sur témoins, chemise et étuis gainés de maroquin prune (E. & A. Maylander). 4 000 /6 000 €
Édition publiée pour le centenaire de la naissance de Victor Hugo (1802-1885).
35 compositions d’Auguste Rodin (vue d’un buste sculpté de Hugo gravée sur bois), d’Eugène Carrière (5), de Daniel Vierge (4 vignettes et 3 lettrines historiées), Adolphe Willette (3), Louis Dunki (4), Alexandre-Théophile Steinlen (15). L’ensemble gravé sur bois par Fr. et E. Florian, Crosbie et Duplessis, L. Perrichon et É. et E. Froment…
EXEMPLAIRE UNIQUE (n° 1), cité par Carteret, réimposé sur Whatman, imprimé pour Monsieur Adolphe Bordes, il contient :
- les dessins originaux de Daniel Vierge, au crayon avec rehauts à la sanguine et à la gouache (4), Adolphe Willette, au crayon avec rehauts à la gouache et à l’encre de Chine (3), Louis Dunki, crayon et encore de Chine à la plume et au lavis (5) et Théophile-Alexandre STEINLEN, au crayon, au crayon gras, à la gouache et à l’encre de Chine (15), soit 27 dessins sur 26 ff.
Tous sont signés ou monogrammés, parfois annotés ; quelques feuillets comportent des croquis au verso ; - une double suite d’épreuves d’artiste sur japon mince et sur chine (4 des 5 estampes d’après Carrière comportent également une décomposition des tons en deux planches), soit 86 planches ;
Sont joints : - une LAS du libraire René Helleu à Mme Courtois, 2pp. in-4° datées « 14 mai 1959 ».
« … Il est bien évident que lorsqu’Édouard Pelletan rédigea l’annonce du tirage de ses Cinq poèmes de Victor Hugo, il n’avait pas réalisé que les originaux des artistes illustrateurs seraient particulièrement difficiles à réunir dans un format unifié, d’emblée Rodin, qui offrait sa sculpture, était hors de jeu ; Carrière aussi avec son illustration peinte sur toile. Deux exemplaires Whatman ont dû être tirés pourtant, quant à moi je n’en ai jamais vu aucun… » ; - 2 bulletins de souscription (l’un sur vélin, l’autre sur japon) et un carton d’invitation au nom de M. et Mme Bordes pour « une heure de poésie et de musique » aux Éditions d’art.
L’exemplaire est parfaitement conservé.
Dimensions : 343 x 256 mm (pour le volume de texte) ; 380 x 279 mm (pour le volume des dessins).
Provenances : Adolphe Bordes, le grand collectionneur ; Suzanne Courtois, avec son ex-libris.
La reliure a probablement été commandée par Suzanne Courtois. A noter que cet exemplaire figure sur le site d’un libraire, sans le second volume de dessins, mais avec les dessins de Daniel Vierge, Willette et Dunki.
1902 – le Procurateur de Judée.
Vente Beaussant-Lefèvre, collection jean-Claude Delauney, 23 octobre 2019, lot 23. Adjugé 6500 euros plus les frais.
Le Procurateur de Judée. Paris, E. Pelletan, 1902, grand in-4°, maroquin havane, double listel de
maroquin havane et rouge autour des plats, dos à nerfs orné de même, doublure de maroquin rouge ornée d’un large décor floral mosaïqué de box vert et havane, couverture, tranches dorées, chemise et étui gainés de même maroquin (Marius Michel). 2 500 / 3 500 €.
14 compositions d’Eugène Grasset, gravées sur bois par Ernest Florian (1883-1914).
EXEMPLAIRE UNIQUE, imprimé sur papier Whatman pour Adolphe Bordes. Il contient :
- les 14 dessins originaux de Grasset. Le cul-de-lampe de la p. 44 n’y figure pas ;
- une suite d’épreuves d’artiste sur japon mince, avec la décomposition des couleurs pour les bois en couleurs ;
- une suite d’épreuves d’artiste sur chine, avec la décomposition des couleurs pour les bois en couleurs.
L’ensemble des suites est formé de 77 planches.
Le volume de suite est relié en demi-maroquin havane à coins, il s’ouvre sur le feuillet de titre du livre.
Provenances : Adolphe Bordes, le grand bibliophile bordelais ; Suzanne Courtois, avec son ex-libris ; Bogousslavsky, avec son ex-libris placé ici en début de volume.
1910 – Les Poèmes du Souvenir
- France, Anatole — PaulÉmile Colin et Pierre-Eugène Vibert
- Les Poèmes du souvenir. Paris, Édouard Pelletan, 1910.
Exemplaire n° 1, du grand bibliophile Adolphe Bordes.
In-4 (305 x 250 mm). Maroquin prune, grand décor floral et géométrique aux plats, mosaïqué de maroquin ocre, mauve, lilas, brun et bleu marine, dos à nerfs, décor mosaïqué de maroquin bleu, doublure de maroquin taupe à décor mosaïqué encadré de filets dorés, gardes de soie aux motifs brodés, tranches dorées (Marius Michel). Étui doublé de Got & Vilaine.
Édition illustrée de 26 bois originaux, dont 15 par P.E. Vibert et 11 par P.-E. Colin.
Exemplaire de tête. Tirage à 365 exemplaires, dont 25 de présent, celui-ci n° 1, imprimé pour M. Adolphe Bordes, sur vélin crème filigrané « WBW ».
Exemplaire unique, enrichi de :
– 36 dessins originaux par Vibert et Colin : les 26 dessins originaux des bois et 10 autres dessins ou essais des mêmes artistes, non retenus. Vibert a exécuté les portraits des poètes, les vignettes, culs-de-lampe et ornements tirés en ocre dans le texte, les dessins originaux sont à la mine de plomb avec rehauts de lavis. Colin est l’auteur des illustrations hors texte, tirées en noir, dont les originaux sont ici réalisés au fusain, parfois rehaussés au crayon de couleur ou au pastel blanc.
– France, Anatole. Une lettre et un manuscrit autographes et signés. Par l’intermédiaire de l’éditeur Pelletan, Anatole France est heureux d’offrir quelques lignes de sa main à Adolphe Bordes, qui l’a déjà gracieusement accueilli « au milieu de [ses] nobles richesses« . Il a joint à sa lettre le manuscrit des dernières lignes de son étude sur les trois poètes réunis dans cet ouvrage : Lamartine (Le Lac), Hugo (Tristesse d’Olympio) et Musset (Souvenir).
Vente Sotheby’s, Paris, le 31 mai 2016, lot 101, estimé 3000 à 4000 euros.
1910. La Chanson des Gueux
Ce livre n’est pas décrit dans une fiche de libraire ou de commissaire priseur ; il fait partie des collections de la Bibliothèque Cantonale et universitaire de Lausanne. Sa fiche est consultable ici.
Jean Richepin, La chanson des gueux
Edition intégrale décorée de 252 compositions originales de Steinlen
Paris : Edouard Pelletan, 1910
USC 2570
Un des trois exemplaires de tête réimposé sur papier Whatman, avec une suite sur japon et une suite sur chine, deux prospectus et un carton d’invitation pour l’exposition des dessins de Steinlen (n° 1, imprimé pour Adolphe Bordes), relié en 4 volumes par Marius Michel en plein maroquin havane, plats intérieurs en maroquin tête de nègre, gardes de tissu ocre, tranches dorées sur témoins.
Cet exemplaire comporte 234 grandes compositions originales ayant servi à l’illustration, 29 dessins des bandeaux et lettrines du « glossaire argotique » et de la table des matières (une des lettres ornées manque), l’encadrement de la justification du tirage où figurent les portraits de Steinlen, Richepin et Pelletan, un grand portrait de Richepin et 9 dessins non utilisés, soit en tout 272 compositions originales (mine de plomb, fusain, encre noire, gouache blanche et crayon bleu), la plupart à la dimension du livre réimposé (36 x 26 cm), parfois plus grandes, sur des feuillets repliés.