Bibliothèques féminines autour d’Anatole France.

Anatole France était bibliophile ; sa bibliothèque privée, au moment d’un de ses déménagements entre La Béchellerie et la Villa Saïd, comptait 8000 volumes, d’après son secrétaire Pierre Calmettes. Son entourage proche a bénéficié de (ou subi ?) son influence et ses cadeaux – bibliophiliques ; et on en retrouve trace dans leurs bibliothèques.

Valérie Guérin, madame Anatole France.

Anatole France, né le 16 avril 1844 épouse à trente-trois ans, le 28 avril 1877, Marie Valérie Guérin de Sauville, née le 24 février 1857, âgée de vingt ans ; ses deux témoins sont Edmond Choieski, bibliothécaire en chef du Sénat (où Anatole France est sensé travailler), et Alphonse Lemerre. L’acte donne l’état-civil officiel : Anatole François Thibault, fils majeur de François Noël Thibault et d’Antoinette Gallas. France est le diminutif du premier prénom de son père, qui devient son surnom, puis celui de son fils « par héritage ». Sur l’acte, Anatole France signe naturellement Anatole Thibault.

archives de Paris.

Valérie Guérin est la petite-fille du peintre Gabriel Guérin ; sa dot est suffisante pour financer le petit hôtel particulier que le couple occupera, 5 rue Chalgrin.

Anatole France est encore peu connu ; il a publié un recueil de poèmes, chez Lemerre, (les Poèmes dorés, 1873), puis, l’année précédente, une pièce en vers, les Noces corinthiennes, toujours chez Lemerre, pour lequel il écrit des préfaces.

Un exemplaire de ce livre a sans doute été offert par Anatole France à son épouse : il figure dans la bibliothèque du docteur Lucien-Graux (1956), sous le numéro 79 :

FRANCE (A.), Les Noces corinthiennes, Paris, Lemerre, 1876, in-12, Bradel demi-toile brune, coins, non rogné, couverture (Vié).
EDITION ORIGINALE.
Exemplaire portant l’ex-libris « de la Bibliothèque de Madame Anatole France »[La première Madame Anatole France, née Marie Valérie Guérin de Sauville, mariée le 28 avril 1877, divorcée en 1892]. Provenance très rare – deux photographies de deux scènes des Noces sont reliées dans l’exemplaire. (fente en marge du feuillet 3-4).

Cet exemplaire est repassé en vente à Montignac, le 24 aout 2009, sous le numéro 298 :

298.-FRANCE (Anatole).-Les Noces Corinthiennes Paris Lemerre 1876.
In-12, cartonnage à la bradel demi-percaline marron à coins. 179 pages. Edition originale, avec deux clichés photographiques originaux de la pièce. Exemplaire de la bibliothèque de Madame Anatole France, (Marie-Valérie Guérin de Fauville, première femme d’Anatole France, mariée en 1877, divorcée en 1892. Provenance rare) avec Ex-libris.Ex-libris de D.Lucien-Groux (cat IX, 1959, N°79) ;coiffes et coins légèrement blanchis, épidermures sur la pièce de titre ; mors légèrement frottés. est : 150 €

Il figure ensuite dans le stock de la libraire Abraxas-Libris, à Bécherel, en 2010.

Le livre est relié par Paul Vié, établi au 1 rue Princesse et qui cessera son activité en 1907 – c’est un des deux relieurs préférés d’Anatole France, avec Raparlier. Les reliures en percalines, pleines ou en demi-reliures, seront une des spécialités de Paul Vié ; elles semblent bien modestes mais sont courantes, à l’époque, pour les livres contemporains – on en verra d’autres exemples.

La provenance est indiquée comme étant rare ; effectivement on ne trouve pas beaucoup d’autres exemples de livres portant cet ex-libris. En voici deux :

Jocaste et le Chat maigre, publié chez Calmann Lévy, in-12, 1879 – édition originale, relié en percaline bleue, avec les couvertures, par Pierson. Librairie Eric Fosse.

C’est le premier livre « hors poésie » publié par Anatole France (et pas publié par Lemerre, ce qui sera cause de problèmes entre Anatole France et Lemerre).

Les relations entre Anatole France et son épouse se dégradent rapidement ; en 1888 le couple est toujours officiellement uni mais la rencontre entre Anatole France et Léontine Arman de Caillavet a accentué les problèmes. Pourtant cette année-là Anatole France offre un exemplaire du premier tome du recueil de ses articles dans le Temps, la Vie Littéraire, à son épouse :

La Vie littéraire, publié chez Calmann Lévy, in 12, 1888 – mention de 4eme édition sur la couverture, mention de deuxième édition sur la page de titre. 1/2 vélin blanc, dos avec pièce de maroquin doré à la grotesque, tête dorée. Reliure signée de Paul Vié. Provenance B. P.

Dans les collections de la Newberry Library (Chicago), on trouve encore cet exemplaire :

Dissertation sur le droit de régale / par M. de Jort.
Backstrip gold stamped, five bands. Marbled end sheets.Decorated title page: Frame of colored floral pattern within a double border.Armorial beneath title identified (later addition in pencil) as de Brou with motto Digna legi Conchylia; perhaps that of Henri Feydeaux du Brou. (late 17th/early 18th cent.) Same armorial is used by Jorts de Fribois.Text: Brown ink, framed by single border, decorated initials, marginal notes and references (same hand), tailpieces.
Bookplate of Madame Anatole France.

Il n’est pas certain qu’il s’agisse de la même personne ; Anatole France s’étant remarié en 1920 avec Marie Eloïse (dite Emma) Laprévotte, dame de compagnie de Léontine de Caillavet.

Je n’ai pas trouvé trace d’autres exemplaires – la provenance semble effectivement rare…

L’ex-libris ne porte pas de signature ; il aurait été dessiné par Fernand Calmettes, ami de jeunesse d’Anatole France, beau-frère de Noël Charavay et père de Pierre Calmettes, futur secrétaire d’Anatole France, auteur (entre autres) du livre de souvenirs La grande Passion d’Anatole France, paru aux éditions Seheur en 1929.

Ces livres ne témoignent pas vraiment d’un choix personnel de Valérie Guérin ; plutôt de livres offerts déjà reliés par son mari.

Après son divorce d’avec Anatole France, le 2 août 1893, Valérie Guérin épouse René Dussaud le 12 juillet 1900 – les témoins sont notamment Victor Bérard et Henri Roujon, directeur des Beaux-Arts ; elle décèdera le 3 octobre 1921 à Meudon.

Léontine Arman de Caillavet.

Léontine Lippmann, madame Armand de Caillavet (sic) d’après la légende, source : Musée Carnavalet.

Léontine Charlotte Lippmann est née le 14 juin 1844 à Paris, fille de Auguste Lippmann et de Frédérique (sur l’acte d’état-civil, mais son vrai prénom semble être Frédérika) Koenigswarter. Son père est banquier, sa mère de la puissante famille Koenigswarter. Son cousin Jules de Koenigswarter possède notamment le château de Moncontour à Vouvray.

Elle épouse le 25 avril 1867, à la mairie du IXe arrondissement de Paris, Albert Arman, fils de Lucien Arman, armateur bordelais, « ami » de Napoléon III. Lucien Arman est alors riche, mais ça ne va pas durer ; sa faillite est prononcée dans les années suivantes, peut-être provoquée par des investissements trop importants en Amérique du Sud. Le mariage est prononcé en présence du général Bourbaki et du ministre des travaux publics Adolphe de Forcade LaRoquette – qui est aussi conseiller général de Sauveterre-de-Guyenne, situé à 20 kms de Capian, où est situé le domaine vinicole, provenant de sa mère Laure Caillavet, qui fera partie de l’héritage d’Albert Arman – racheté aux créanciers par Léontine Arman 80 000 francs en 1884, Albert Arman étant réputé bon dépensier mais mauvais gestionnaire et investisseur.

domaine de Capian, dit Château Caillavet. Source : FB (château de Caillavet)

Albert Arman, fils de Lucien Arman et de Laure Caillavet se fait appeler Arman-Caillavet, puis rapidement Arman de Caillavet. Ce nom d’usage ne sera officialisé qu’à la demande de son fils, Mathurin Cyprien Auguste Gaston Arman, né le 13 mars 1869, par un décret de 1893 – sous la forme Arman-Caillavet.

Le frère de Léontine, Maurice Lippmann, épouse le 2 avril 1880 Marie-Alexandrine-Henriette Dumas Davy de la Pailleterie, dite Colette Dumas, fille d’Alexandre Dumas fils (elle est surnommée « Dumas petite-fille ») – le couple divorce en 1892 ; Léontine n’est donc pas, comme on peut le lire, belle-sœur d’Alexandre Dumas – mais ils se connaissent bien ; suffisamment pour que Gaston fasse des séjours à Puys.

Voici le début du livre publié par sa belle-fille, l’épouse de Gaston, en 1926 :

Madame Albert Arman de Caillavet acheta en 1878 à Arsène Houssaye l’hôtel situé 12 avenue de la Reine-Hortense, dont elle ne tarda pas à faire un centre littéraire et artistique, un domaine de l’intelligence, continuant en cela la tradition des salons du XVIIIe siècle avec leurs doux loisirs, leurs bavardages ininterrompus.

A cette époque plusieurs dames tiennent salon, dont madame Aubernon et madame de Loynes. D’abord amies, madame Aubernon et madame Arman de Caillavet vont finir par se disputer les vedettes – du moment, c’est-à-dire les hommes de lettres. En 1883, deux jeunes littérateurs débutent dans ces salons : Jules Lemaître et Anatole France. Leur notoriété augmentant, ils sont amenés à « choisir leur camp », et sont un enjeu pour ces dames qui tiennent salon. Anatole France optera pour celui de madame de Caillavet, se fâchant du même coup avec madame Aubernon. Le petit hôtel particulier, situé au 16bis avenue de la Reine-Hortense, dont l’adresse deviendra le 12 avenue Hoche après l’opération de renommage de 1879, a été acheté 200 000 francs par Léontine Arman à Arsène Houssaye.

hôtel particulier du couple Arman, 12 avenue Hoche, état actuel. Source : Wikipedia.

Anatole France et Léontine Arman se connaissent donc depuis 1883 ; mais leur relation prend une tournure intime à partir de 1888. Les relations entre Anatole France et son épouse se dégradent jusqu’au jour de 1892 où il quitte le domicile conjugal en robe de chambre pour se réfugier à l’hôtel ; il ne retournera pas rue Chalgrin. Le divorce est prononcé le 2 août 1893. Il est à ce moment un des piliers du salon de Madame Arman de Caillavet.

Dans son recueil de leurs lettres intimes, Jacques Suffel nous montre Anatole France fournissant des livres à Léontine Arman de Caillavet :

Lettre 1 : L. de C., 24 juillet 1888.

Merci mon chéri, merci de l’envoi des livres, j’avais besoin de voir un bout de ton écriture…

Lettre 71 : An. Fr., Paris, le 5 août 1889.

[…] J’ai pris le bâteau-mouche et je suis allé du côté des bouquins. A propos, as-tu reçu l’Arnoldiana que je t’ai envoyé ? je l’ai demandé de confiance sur le catalogue où il fait bonne figure, comme tu peux t’en assurer par le petit papier que je t’envoie. Mais en réalité c’est un bouquin affreux. Je te le donne tout de même en attendant un meilleur exemplaire qui peux tarder à venir, car le livre est rare. Le doux Vié n’est pas encore venu.[…]

Lettre 77 : L. de C., 8 août 1889.

[…] L’Arnoldiana est arrivée, le portrait de Sophie est fort joli et ce livre me fait grand plaisir.

On ne sait s’il s’agit du même exemplaire, mais effectivement, on trouve l’Arnoldiana parmi les livres nombreux de la bibliothèque de Léontine Arman de Caillavet, revêtus de son ex-libris composé d’une corbeille de fleurs, avec les initiales L A C ; ex-libris dessiné par Adolphe Giraldon.

Voici sa description publiée par la librairie Emmanuel Fradois :

DEVILLE (Albéric)
Arnoldiana, ou Sophie Arnould et ses contemporaines ;
recueil choisi d’anecdotes piquantes, de réparties et de bons mots de Mlle Arnould précédé d’une notice sur sa vie et sur l’académie impériale de musique.
Paris : Gérard, 1813.In-16° (165 x 101 mm) [2] ff. – 380 pp., veau blond marbré, dos à cinq faux-nerfs orné, encadrement d’un triple filet sur les plats, double filet sur les coupes, roulette intérieure, tranches dorées (PAUL VIÉ, pastiche d’une reliure du XVIIIe siècle, dernier quart du XIXe siècle).

L’exemplaire est en très bon état, ce n’est sans doute pas le bouquin affreux dont parle Anatole France, qui a dû en trouver un meilleur pour le faire relier par Paul Vié.

L‘Arnoldiana et la Princesse de Babilone, revétus de la même reliure (jusqu’au papier des gardes).

Revêtu de la même reliure, donc sans doute acheté, ou du moins relié, à la même époque, voici un autre livre, dans un genre différent, publié par la librairie Daniel Bayard :

La princesse de Babilone [Babylone] Anonyme Voltaire 1768.
Rare édition bien reliée par Paul Vié
A Rome [Londres], avec permission du saint père 1768 1 volume in8 titre , 104 pages, reliure fin XIXe plein veau signée de Paul Vié. triple filet d’encadrement des plats, large guirlande en contreplat. Dos à nerfs dorés avec Rome 1768 en pied. Toutes tranches dorées témoins conservés. Belle marges 212 x 135 mm.

bibliothèque de madame Arman de Caillavet en 1906. Source : musée Carnavalet.

Dans l’hôtel de l’avenue Hoche figure une bibliothèque importante, comportant notamment beaucoup de livres du XVIIIe siècle, ainsi que de nombreux livres contemporains, offerts par les familiers du salon. Parmi les livres anciens de sa bibliothèque, figurent également :

La Fontaine. Les amours de Psyché et de Cupidon. Par ordre de Mgr le Comte d’Artois. Paris, Didot l’aîné, MDCCLXXXII. 2 vol. in-16, maroquin vert, dos lisse orné de fleurons, triple filets dorés, toutes tranches dorées.

En voici un autre exemple, description publiée par la librairie Jean-Etienne Huret :

DU LAURENS (Abbé).La Chandelle d’Arras. Poëme en XVIII chants.
P., chez divers libraires, 1807, in-16, XII-188 pp.
bradel demi-vélin, dos lisse, titre en lettres dorées, non rogné (Paul Vié), Nouvelle édition précédée d’une Notice sur la vie et les ouvrages de l’auteur, et ornée de dix-neuf planches. Celles-ci manquent. Seul, figure le frontispice de DESRAIS.

Parmi le livres contemporains, on peut citer notamment un livre de Henry Houssaye, fils d’Arsène, avec la dédicace suivante :

A madame Arman de Caillavet
hommage empressé
Henry Houssaye

Sa description est donnée par la librairie de A à Z (Béatrice Bablon) :

HOUSSAYE Henry. 1815. La première Restauration – Le retour de l’île d’Elbe – Les Cent Jours. Paris, Perrin, 1893. In-8° ; VIII-636 pp.-(1) f. d’errata ; demi-percaline bleue à coins, dos lisse orné d’un fleuron doré, p. de titre basane brune (rel. ép.). Dos très légèrement bruni, mais bel ex. Rare édition originale. Précieux exemplaire avec un envoi autographe de l’auteur
à Madame Arman de Caillavet ; ex-libris de Léontine Arman de Caillavet.

Ce n’est pas indiqué dans cette description mais la reliure est signée de Paul Vié.

Et Albert Arman, le mari, que devient-il ? il tient la rubrique Yachting du Figaro. Et à ce titre, le 8 aout 1892 il publie un assez long compte-rendu de la Cowes Week, à laquelle les Arman participent avec leur premier yacht, la Cymbeline (goélette de 82 tonneaux, de « seulement » deux mats, et pas trois comme l’indique Michelle Maurois..) :

le Monde illustré, 20 aout 1892. Gallica.bnf.fr
le Figaro. Gallica.bnf.fr

Gaston de Caillavet et Jeanne Pouquet.

Gaston Arman rencontre Jeanne Pouquet, d’une famille bourgeoise aisée (le père est agent de change, il possède le domaine d’Essendiéras en Dordogne) mais pas du même milieu : si les Pouquet ont un château et une petite dizaine de domestiques, la fortune des Lippmann-Koenigswarter est d’une autre dimension, au point qu’Eugène Pouquet se demandera pour quelle raison Gaston voudrait épouser sa fille Jeanne, qui ne lui apporterait rien…

A cette époque Jeanne est également courtisée par Marcel Proust, qui est devenu un ami proche de Gaston et commence à fréquenter le salon de madame Arman de Caillavet – il se souviendra de ces personnes, en empruntant plus ou moins de leurs traits de caractère pour certains personnages de la Recherche. Jeanne servira de modèle pour Gilberte Swann ; Gaston (et Robert de Flers) pour Robert de Saint-Loup – leur fille Simone devenant « naturellement » mademoiselle de Saint-Loup ; le souvenir de madame de Caillavet (avec d’autres personnes) sera utilisé pour madame Verdurin, Anatole France étant transformé en Bergotte.

Jeanne Pouquet, debout sur la chaise ; à sa droite Gabrielle Schwarz. Tennis du boulevard Bineau, début 1891.

Marie Claire Emilie Jeanne Pouquet, née le 17 avril 1874 à Paris, est plus jeune que Gaston de cinq ans, et que Marcel Proust de trois ans. Le mariage est prononcé le 10 avril 1893 à la mairie du VIIIe arrondissement ; les témoins sont Francis Magnard, homme de lettres, journaliste anti-clérical et père du compositeur Albéric Magnard, Anatole France (qui signe effectivement France..), Claude Bossan « de Garagnol » (mais son dossier de Légion d’Honneur ne l’appelle que Bossan – tandis que Gaston n’est logiquement appelé que Arman), et Jules Darblay.

Gaston Arman de Caillavet, après une brillante carrière littéraire, en collaboration avec Robert de Flers, meurt le 13 janvier 1915 au domaine d’Essendiéras.

Simone de Caillavet, par J.-G. Domergue, 1916.

Le couple a eu une fille, Simone Marie Andrée Huguette Arman, née le 8 février 1894. Simone aura un état-civil compliqué, puisqu’à la date de sa naissance le décret autorisant ses parents à s’appeler, eux et leur famille, Arman Caillavet, était déjà publié. Ensuite Simone, après un premier mariage avec Georges Stoïcesco, se remariera avec Emile Salomon Wilhelm Herzog, le 6 septembre 1926, toujours à Essendiéras (ou plutôt la commune dont dépend le domaine, Saint-Médard d’Excideuil). Après la seconde guerre mondiale, Herzog change de nom et adopte son nom de plume : André Maurois – ce qui entraîne un nouveau changement d’état-civil pour Simone Arman, dite Simone de Caillavet, épouse Simone Herzog, et donc Simone André Maurois…

Léontine Arman de Caillavet meurt le 12 janvier 1910 ; ses biens, dont sa bibliothèque, passent à son fils Gaston – qui meurt cinq années plus tard – et à sa belle-fille Jeanne Pouquet qui se remariera avec son cousin Maurice Pouquet.

le domaine de Capian sera vendu par Jeanne Pouquet ; il conserve le souvenir de Léontine de Caillavet et d’Anatole France, qui ferait presque figure de maître des lieux à la place d’Albert Arman !

Capian, portraits d’Anatole France et de Léontine de Caillavet. Source Château de Caillavet (FB).

Jeanne organisera une vente d’une partie de la bibliothèque de sa belle-mère les 1er et 2 juin 1932, à Drouot, Me Desvouges :

Livres-Manuscrits-Dessins provenant des bibliotheques de Madame Arman de Caillavet et de Madame Gaston de Caillavet, manuscrits et lettres d’Anatole France, exemplaires Japon No. 1 dedicaces.

Le catalogue est précédé d’une lettre de Charles Maurras et d’une préface d’André Maurois, gendre de madame Gaston de Caillavet (Jeanne Pouquet). 293 numéros sont décrits :

  • du numéro 33 au numéro 170 : ensemble de livres et manuscrits d’Anatole France ;
  • du numéro 171 au numéro 211 : 72 lettres d’Anatole France à madame de Caillavet ;
  • livres et lettres d’auteurs divers, portant généralement un envoi soit à Anatole France, soit à madame de Caillavet.

Parmi les exemplaires « numéro 1 » indiqués dans le titre, figure notamment le numéro 72 :

72. Poésies. Les Poèmes Dorés – Idylles et Légendes – Les Noces Corinthiennes. Paris, Lemerre, 1896 ; in-16, mar. beige jans., dos à nerf, large dent. int., doublé et gardes de moire roue, tr. dor. sur témoins. (Raparlier).
Première édition collective, en partie originale.
Exemplaire d’Anatole France, tiré sur Chine, contenant deux états du portrait, noir et bistre.
On a joint la fiche descriptive de l’exemplaire de la main de France.
Bel exemplaire.

Nb : sur cet exemplaire on peut lire cet article : exemplaire d’Anatole France.

La fiche descriptive jointe peut être rapprochée de la fiche présente dans l’Arnoldiana – elles sont évidemment de la même main :

Dans cette vente figure notamment le manuscrit du Lys Rouge, le roman sur lequel la participation de Léontine Arman est la plus évidente. Ce manuscrit est maintenant à la BNF. On notera qu’aucun livre ancien n’est cité ; ils seront conservés par Jeanne Pouquet et transmis à sa fille Simone, qui est à cette date l’épouse d’André Maurois.

Sur ces livres on peut donc trouver les ex-libris de Simone, ou d’André Maurois :

Henry Houssaye, 1815, avec les ex-libris de madame Arman de Caillavet et de André Maurois.
la Chandelle d’Arras, avec les ex-libris de madame Arman de Caillavet et de sa petite-fille Simone André-Maurois.

André Maurois a eu une fille d’un premier mariage, Michelle Maurois, qui retracera l’histoire de sa belle-famille dans trois livres : l’encre dans le sang, les cendres brûlantes, déchirez cette lettre, qui apportent un éclairage complémentaire (et quelquefois contradictoire) au témoignage publié par Jeanne Pouquet en 1926 : Le Salon de Madame Arman de Caillavet.

quelques exemplaires provenant de ces bibliothèques.
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3 réflexions sur “Bibliothèques féminines autour d’Anatole France.

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